Cette biographie, à l’articulation du récit personnel et des chantiers de recherches, est un travail de mémoire tardif sans retour aux archives.
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Les liens en bleu renvoient aux projets plus longuement traités.
Je suis l’auteure des photos ici présentées, sauf quelques-unes au © signalé.
CINÉMA
ETHNOLOGIE ET CINÉMA
Après l’océan – tournage ©tomaBaqueni
Le cinéma et l’anthropologie voient le jour à la fin du XIXe siècle. Dans cette période de consolidation des empires coloniaux anglais et français, il fallait rapporter le monde des indigènes « tel qu’il était » dont les films, les objets, les enregistrements musicaux et les photos témoignaient. C’est ainsi que les grandes expéditions furent filmées dès la fin du XIXè siècle et que les ethnologues partirent aux confins des territoires conquis. Dès lors le cinéma et la muséographie restèrent attachés à cette discipline.
LES « IDIOTS CULTURELS »
Après la Deuxième Guerre mondiale naissait le Film ethnographique en contrepoint des documents colonialistes. A l’idéologie dominatrice et fallacieuse était opposé un regard « scientifique » voulu objectif sur les autochtones. Le savant garantissait les propos tenus par un commentaire univoque qui décrivait traditions locales et authenticité des mondes sauvages. Certains ont même enlevé les montres des poignets indigènes ! Parfois un témoin local prenait la parole mais c’était toujours pour corroborer les propos en surplomb.
Les acteurs —individus ou collectifs— étaient réduits à des fonctions : le chasseur, le guérisseur, le prêtre… des « idiots culturels » ironisait Harold Garfinkel. Les images ou les sons n’avaient qu’un statut illustratif du discours. L’explication cadenassait d’emblée les identités, les dynamiques ou les contradictions qui pouvaient surgir assujettissant le spectateur à un savoir univoque.
Pour moi, ce n’était ni du cinéma, ni de l’ethnographie. Je découvrais que l’explication, registre central de la science, était l’ennemie de l’image qui échappe à la logique discursive des mots. Une des forces intrinsèques du cinéma est le silence et le vide.
Contes et Décomptes – Caméra Aaton et enregistreur Nagra – Niger
Dès les premières scènes du film Les Temps du pouvoir, j’ai perçu que le tournage transformait ma relation au terrain comparée à l’époque des notes écrites et de quelques photos. Devant ou derrière la caméra on entre dans une co-création qui nous agit [filmant/filmé] comme nous l’agissons.